Examiner le lien entre l'urbanicité, la pollution de l'air et les troubles psychiatriques
Franck SCHURHOFF
Mot-clés : Pollution atmosphérique ; santé mentale ; modélisation de l’exposition ; capteurs ; particules fines ; ozone ; dioxyde d’azote ; potentiel oxydant
- Budget : 1,2 M€
- Durée : 60 mois
L’urbanicité, soit le fait d’être né et/ou d’avoir grandi en ville, est un facteur de risque connu et consensuel pour plusieurs troubles psychiatriques (troubles psychotiques, troubles de l’humeur, troubles du spectre autistique (TSA)). Cependant, les facteurs causaux expliquant cette association sont mal connus. La pollution de l’air, connue pour être impliquée dans diverses maladies chroniques, est un candidat sérieux pour expliquer cette association.
Ce projet permettra de comparer l’exposition à différents polluants chez des sujets témoins et chez des sujets souffrant de troubles psychiatriques, en faisant l’hypothèse d’une exposition plus importante chez ces derniers. De plus, sur une période de 1 mois, à l’aide de capteurs de pollution portables et d’une application mobile, seront étudiées les variations de la symptomatologie psychiatrique en fonction des variations de la qualité de l’air.
Par ailleurs, estimer l’exposition des individus à la pollution de l’air est en soi un défi et la méthode utilisée peut en partie conditionner les résultats obtenus. En effet, il est essentiel de pouvoir inclure différentes méthodes d’estimation de l’exposition à la pollution de l’air (bases de données publiques, modèles, capteurs intérieurs et extérieurs) pour estimer leur potentiel et montrer comment ces méthodes peuvent apporter des informations par rapport à d’autres approches en synergie. Deux types d’expositions seront étudiés. Tout d’abord, l’exposition rétrospective tout au long de la vie des sujets sera estimée pour le NO2, les PM2.5, les PM10, et l’O3 en utilisant de manière synergique la modélisation numérique et les observations des concentrations de polluants pour la période la plus longue (1990-2022) jamais étudiée avec de tels outils en France.
Puis, l’équipe se concentrera sur la période actuelle en France (2024-2026) et les effets à court terme des expositions à la pollution de l’air sur les 4 troubles psychiatriques (schizophrénie, TSA, troubles bipolaires et troubles dépressifs). Il sera proposé des approches innovantes pour estimer l’exposition basée sur des capteurs :
– pour les PM2.5 et les PM10 extérieurs en utilisant des capteurs portables ;
– pour le NO2 intérieur et les PM2.5 intérieurs en utilisant des capteurs de qualité d’air intérieur ;
– ainsi que l’exposition basée sur la modélisation numérique pour une exposition multi-environnementale et un nouveau proxy (potentiel oxydatif).
Toutes ces approches seront comparées les unes aux autres pour la première fois.
Les objectifs de ce projet sont donc de :
– mesurer l’influence de la pollution de l’air sur le risque de développer des troubles psychiatriques sévères ;
– identifier des fenêtres de vulnérabilité, où l’exposition à la pollution de l’air augmente (en particulier, ou de manière exclusive) le risque : in utero, petite enfance (0-3 ans), enfance (3-9 ans), pré-adolescence (9-12 ans), adolescence (12-18 ans) et jeunesse (18-25 ans) ;
– étudier l’impact de la pollution de l’air sur la présentation clinique et le cours évolutif de ces quatre pathologies psychiatriques ;
Deux types d’exposition seront pris en compte : l’exposition à long terme (exposition sur toute la vie) et l’exposition à court terme (< 1 an). Une étude ancillaire longitudinale des associations entre les variations à court terme de la pollution de l’air (mesurée par divers capteurs de pollution) et les variations dans la symptomatologie (chez les patients) et/ou les niveaux de bien-être (chez les témoins sans trouble psychiatrique) sera réalisée.
Les 2500 sujets souffrant d’un des 4 troubles psychiatriques majeurs et 500 témoins évalués dans la cohorte French Minds du PEPR ProPSY seront inclus.
Deux types d’études seront menés :
– une étude cas-témoins pour l’ensemble et chacun des 4 troubles psychiatriques : comparaison des expositions à long terme à la pollution de l’air dans l’ensemble des patients et des les témoins qui seront suivis dans la cohorte French Minds ;
– une étude ancillaire prospective de l’influence de la pollution de l’air sur les variations des manifestations cliniques (et subcliniques) de la maladie et des comorbidités associées sera réalisée sur les patients et témoins de la cohorte French Minds résidant en région Île-de-France.
Partenaire coordinateur : Université Paris-Est Créteil
Autres partenaires : Ineris, Inserm, Sorbonne Université, Université Panthéon-Sorbonne, fondation FondaMental